Nous quittons Tafraout en direction de M’Hamid où se déroulera le onzième Festival International des Nomades à la mi-mars. Nous traversons les régions présahariennes en bordure de l’Algérie, plateaux riches en minerais où abondent des mines d’extraction et des casernes militaires.
Nous posons notre bivouac à l’approche de Tissint dans un paysage quasi lunaire.
Tissint est une petite ville située à 69 Kilomètres à l’Est de Tata, en direction de Foum-Zguid au Sud de Ouarzazate. Ce fut un carrefour fréquenté par des caravanes qui traversaient le désert pour acheminer des marchandises vers Marrakech, et une plaque tournante de la traite des esclaves. Elles s’arrêtaient dans l’oasis de Tissint où une eau salée coulait à profusion. C’est aussi d’ici que sont issus beaucoup d’herboristes.
De nos jours, malgré les changements climatiques, les cascades sont toujours abondantes.
Nous visitons à Tissint la maison de Charles de Foucauld, dont parle Gandini dans son guide sur les pistes du Maroc. Nous nous étions déjà intéressés à Charles de Foucauld, en tant qu’ermite, quand nous sommes allés dans le désert du Tassili N’Ajjer, près du Hoggar où il finit sa vie dans l’Assekrem en Algérie. A Tissint, il est venu comme explorateur au début de sa vie. Orphelin à l’âge de six ans, Charles de Foucauld débute une carrière dans l’armée à Saint-Cyr. Il se fait remarquer par la médiocrité de ses résultats aux examens, en étant le dernier de sa promotion, et par la vie dissolue qu’il mène. Il est très touché par l’Algérie où il est en mission, et décide de démissionner de l’armée afin de devenir explorateur en 1882.
« J’aime bien mieux profiter de ma jeunesse en voyageant ; de cette façon, au moins, je m’instruirai et je ne perdrai pas mon temps ». Il a alors 23 ans !
Il choisit le Maroc comme destination, pays interdit aux chrétiens et encore très mal connu. A Alger, il étudie pendant une année l’arabe, l’Islam et l’hébreu. Pour entrer au Maroc, il se fait passer pour un Juif. Le voyage commence en juin 1883 en compagnie d’un rabbin et durera un an. Il emporte avec lui tous les instruments de travail nécessaires à son expédition ainsi que cartes et papiers qu’il cache sur sa mule. Pendant les trajets, Charles note sur un minuscule cahier dissimulé dans sa manche, des remarques et des croquis, à l’insu de ses compagnons. Le soir, il recopie sur un cahier de plus grande taille les différentes annotations prises pendant la journée. Charles de Foulcaud est le premier européen à explorer le Haut-Atlas. Il arrive ensuite à Tissint où il séjournera plusieurs semaines, caché dans la médina, dans le quartier juif avant de faire demi-tour devant les dangers et le manque d’argent. La qualité de ses travaux lui vaudront en 1888 la médaille d’or de la Société de Géographie, et une grande renommée suite à la publication de son livre « Reconnaissance au Maroc » où il fait l’éloge des habitants de Tissint pour leur culture, leur intelligence et leur accueil : ils l’ont aidé à s’enfuir bien qu’ils aient découvert qu’il était chrétien.
Il nous sera difficile de trouver sa maison. Ici nous sommes au Maroc, aucune indication. Nous savons qu’il faut trouver le gardien. Mais où ? Un homme, tout de bleu vêtu, nous amène dans la médina. Il frappe à une porte métallique bleue. Pas de réponse. Il insiste et une femme superbe apparait en contre-plongée depuis la terrasse, visage découvert. Quelle fantastique portrait ce serait ! Mais au Maroc, peu de personnes acceptent d’être photographiées. La gardienne des clés apparait quelques instants plus tard, enveloppée dans un voile. Elle tient une petite fille par la main. Le tarif pour la visite est élevé : 100 dirhams (9 euros). Dans les musées, nous payons habituellement 10 dirhams par personne. Nous rebroussons chemin. Elle nous rattrape et nous fait comprendre que nous pouvons donner ce que nous voulons.
Silencieusement, elle nous conduit à l’aide d’une lampe électrique dans un dédale de ruelles couvertes jusqu’à une porte délabrée, fermée par un cadenas. La maison où séjourna Charles de Foucauld n’est pas entretenue. Pourtant de ces ruines se dégage une indéniable présence. Elle constitue un témoignage de cette époque, où les maisons étaient adaptées aux conditions climatiques très chaudes, ventilées naturellement par un patio intérieur aux hautes colonnades. Des fresques et des gravures ornent les murs. Un escalier de pisé aux marches usées mène à la terrasse.
Nous ne saurons rien de cette maison, la gardienne des clés ne parle pas français. Nous continuerons notre visite, seuls, dans le labyrinthe de la médina.
Nous croisons deux jeunes filles qui apportent les détritus de cuisine et du fourrage à leurs cinq moutons qui occupent une cour intérieure de la médina. Au Maroc, les familles ont une vache ou quelques moutons pour leur consommation personnelle. Ces bêtes ne sont pas gardées dans un pré comme chez nous, mais cloîtrées dans la cour intérieure des maisons. C’est pourquoi, tous les jours, on aperçoit le long des routes des femmes ramener sur leur dos du fourrage.
Danielle Baude
DOMAGE IMPOSSIBLE PARTAGE???
Rachid hafidi
Je vous ramercier pour vote article. Je suit née a tissinte 1976 notre grand Pere a etait chef DE trubine Quand Charles defoucauld view DE visite tissint et voila notre maison Comme Elle est au passer
Badoi
Mes parents ma famille sont nées à Tissint. De la famille sur aka, tata. Un plaisir de lire des histoires sur Ces lieux qui me sont chers.
Tighoula
Je suis née à Tissint aussi.. un plaisir de vous lire, merci
Tighoula
Peut on prendre contact ?
D'Halluin Marc
Si je vous disais comment je suis arrivé sur votre site vous ne me croiriez pas Je laisse parfois mes pensées vagabonder et ce matin, il fait beau (nous habitons près de Versailles) et j’étais dans le jardin assis à regarder les fleurs et de voir cette nature en pleine floraison je me disais c’est quand même extraordinaire la vie mais en fait la vraie question ce n’est pas comment est arrivée la vie sur terre mais pourquoi elle est arrivée ?
Alors de fil en aiguille, me voilà parti sur Internet pour chercher des réponses et je tombe sur un site où on dit qu’elle viendrait de la planète Mars et qu’un des éléments pouvant le prouver était la découverte d’une météorite en 2011 à Tissint. Je suis allé à Marrakech au mois de mai alors le Maroc m’intéresse un peu; un coup de Google Earth pour voir où est Tissint et parmi les photos en lien il y en avait une qui m’a attiré et me voilà sur votre site
Yves
Merci pour ces infos toujours fort intéressantes et les magnifiques photos. Le père de Foucault est effectivement un personnage fascinant. J’étais monté il y a bien longtemps à son refuge de l’Assekrem. Mais quand on lit sa biographie par René Bazin, ça fait un peu peur !