Ils nous ont séduits ces Gorfous sauteurs avec leur air canaille.
Vous ne les rencontrerez que dans deux endroits en Amérique du Sud : aux îles Malouines et au Parque Nacional Maritimo Isla Pingüino à une trentaine de kilomètres des côtes de Puerto Deseado, solution beaucoup plus économique. Nous ne regrettons pas ce choix, puisque nous avons eu le plaisir d’y rencontrer Nelson Gallego dont nous avons loué le talent dans notre précédant article.
Nous avons failli rater l’heure du rendez-vous pour le bateau car Daniel a joué au « Bon Samaritain » sur le chemin côtier. Nous devions revenir à l’agence vers 18h30 pour avoir les dernières consignes. Alors que nous photographions des Cormorans gris sur le bord de la falaise et qu’il est 18h, un argentin arrive en courant. Son corps est couvert de tatouages et il porte un T-shirt avec le portrait de Jésus. Il nous demande de venir le dépanner. Il a une roue crevée au fond du canyon, dit-il.
Est-ce vrai ou est-ce un guet-apens comme c’est parfois le cas en Amérique du Sud afin de vous détrousser ? Nous redescendons dans le canyon, mais sans le prendre à bord. Nous trouvons la voiture sur le bas-côté, un pneu crevé. Manquent des écrous à chaque roue. Autour du véhicule, 11 femmes et enfants attendent. Sont-ils venus à 12 dans la voiture ? Jésus arrive en courant. Il n’a pas de cric, rien pour changer sa roue ! Daniel sort donc ses outils mais il y a un écrou antivol nécessitant une clé spéciale. Après une heure de diverses tentatives, Jésus renvoie une partie des femmes et enfants à pied. Finalement Daniel sciera cet écrou antivol. Pendant que Daniel bosse, Jésus regarde. Arrive le responsable de Darwin Expediciones pour nous donner l’heure de rendez-vous pour le lendemain. Comment a-t-il fait pour nous retrouver ? Nous avions dit que nous dormions sur le chemin côtier, mais il y en a tant ! Le départ est avancé à 6h 30 car des vents violents sont annoncés dans l’après midi.
Après deux heures d’effort, Daniel remonte la roue de secours. Jésus nous remercie chaleureusement et part dans sa voiture aux pneus usés, aux amortisseurs éreintés. La nuit tombe, les outils jonchent le sol. Il faut tout remettre dans le coffre. Vu l’heure, ce serait trop long de faire le chemin en sens inverse. Nous nous égarons en voulant prendre des raccourcis et reprenons finalement nos traces.
Nous sommes une dizaine pour cette sortie en mer. Des Dauphins australs nous accompagnent sur une partie de la traversée.
Des Lions de mer colonisent des îlots. Quelques mâles imposants et leur harem d’une dizaine de femelles se prélassent au soleil.
l’Isla Pingüino était utilisée au XXè siècle pour l’extraction d’huile de Lions de mer ; il reste quelques vestiges de ce passé que des Manchots de Magellan squattent.
Les lieux sont superbes, contraste violent entre le jaune des lichens et le rouge du porphyre dont est constituée l’île.
Deux colonies de manchots se partagent cette île. Au nord nichent des Manchots de Magellan et au Sud, sur la côte escarpée, les Gorfous sauteurs ont élu domicile. Leurs pattes puissantes accrochent bien la roche et leur permettent de sauter dans la pente. Avec ses 42 cm de hauteur, Il est légèrement plus petit que le Manchot de Magellan qui atteint 48 cm, mais ce qui les différencie le plus c’est leur frimousse. Le Manchot de Magellan est moins expressif. Le Gorfous Sauteur est un crâneur avec ses sourcils jaunes superbement effilés terminés par des aigrettes jaunes également. Il arbore une crête noire fraîchement gominée, des yeux rubis et un bec vermillon.
Sur le retour nous ne verrons ni dauphins, ni cormorans. Tous sont à l’abri des vents violents, pas nous. Des gerbes d’eau de mer nous aspergent, des vagues de 1,5 mètre nous projettent en l’air. Véritable tape-cul « Il faut amortir ! » crie notre accompagnatrice. Le pilote, bien accroché à sa barre, maîtrise les 300 chevaux du hors-bord. Secoués mais heureux de nos rencontres.
Depuis 6 ans, le Manchot royal est à nouveau présent en Terre de Feu chilienne, à Onaisin dans la Bahia Inútil à une centaine de kilomètres de Porvenir. Arrivés une quinzaine, ils sont aujourd’hui 150 individus. Les scientifiques ne connaissent pas la raison de leur retour, mais ils savent qu’ils étaient déjà là il y a 500 ans, puisqu’ils ont retrouvé des ossements de Manchots royaux dans les tombes des Selk’Nams, peuple autochtone.
On le trouve habituellement dans les régions du Cercle Polaire à environ 1400 km. Un mètre de hauteur, légèrement plus petit que le Manchot empereur, mais plus coloré, le Manchot royal séduit par les arabesques que dessinent ces taches d’orange intense, très graphiques et mouvantes au gré de l’ondulation de ces sacrés contorsionnistes. A notre passage, le 28 décembre, 40 couples couvaient.
La nature a bien fait les choses : tous les Manchots possèdent un dos noir qui se confond avec la couleur obscure de la mer. Ils deviennent invisibles pour leurs prédateurs aériens. Avec leur ventre blanc qui se mélange avec la luminosité des flots de superficie, ils échappent à leurs prédateurs aquatiques comme les Lions de mer. Malheureusement, ils sont souvent victimes de la pollution engendrée par l’exploitation du pétrole sur les côtes patagones.
Fin janvier nous passons par Cabo Virgines à l’entrée du Détroit de Magellan pour visiter une « pinguinera » et rencontrer des « pichones » que nous n’avons pas encore vus.
Les petits Manchots de Magellan ont bien grandi et commencent à perdre leur duvet. Alors qu’ils semblaient tout dodus, ils arborent une silhouette maigrelette avec leur plumage imperméable tout neuf. Surtout que les parents commencent à les sevrer pour les inciter à aller s’alimenter en mer.
Un petit fripon, encore tout couvert de duvet, fait l’école buissonnière. D’un pas titubant, il descend à la plage et se jette à l’eau. Nous le retrouvons plus tard étendu sur la plage en mauvais état, son duvet gorgé d’eau.
Éric et Bernadette
Un petit bonjour depuis Chiloe ou nous sommes arrivés il y a quelques jours après avoir remonté la « carretera australe » jusqu’à Chaiten …
vos photos sont magnifiques on ose plus en mettre nous même sur notre site !! Bernadette et Éric (les français du Chili …)
Pascale
Bonjour à tous les deux et merci pour ce beau dépaysement.
Vos photos sont toujours très belles et j’ai adoré les gorfous sauteurs, trop rigolos.
Bises
ANDRES Frédéric
Bonsoir à vous deux
merci pour ces belles photos.
bon voyage……………
a bientôt, dans l’attente de recevoir d’autres e-mails
amicalement
Sylvie & Frédéric
nelly
Argentins ou chiliens, vraiment craquants tous ces charmants volatiles … et pourtant moi, les oiseaux, je prends peu le temps de les admirer en temps ordinaire ; merci de ces beaux regards partagés sur la gent à plumes, mention spéciale pour le gorfou sauteur enrhumé ! pas l’a’r de faire chaud là -bas !!! Ici, douceur et humidité rivalisent. Amitiés des Lelong
Dominique
Quel enchantement et quel dépaysement que de regarder ces magnifiques photos ! Comme Olivier, j’adore les cormorans aux yeux verts ; la diversité et le contraste de leurs couleurs est incroyable.
Il n’a pas l’air de faire chaud dans ces zones australes. Heureusement qu’en bons montagnards, vous êtes bien équipés… Et je vois que l’on se concocte de très bons petits plats dans ces contrées lointaines où rien n’a l’air de pousser.
JEAN-PIERRE
Quelle galerie « ornitho »!
Les sujets sont vraiment très beaux … et n’ont pas l’air d’être farouches.
Olivier a raison: vos « piqués » sont souvent superbes.
Comme vous le savez, il m’arrive de tâter de la photo d’oiseaux, mais là , comment soutenir la comparaison. Jalousie, jalousie…
Continuez à nous émerveiller. Puis-je me permettre de vous proposer un « challenge »: nous donner à choisir le plus beau cliché d’ OISEAU EN PLEIN VOL (parmi les anciens … et ceux à venir).
Yaxiao
C’est encore plus impressionnant!
Vous pouviez presque embrasser un oiseau adorable et marrant!
Qu’ils sont charmants et amusants, les manchots dans vos photos!
Merci et bonne continuation !
Yaxiao
Olivier
Je reste épaté par la qualité de vos photographies. Toutes vos photos ont un très beau piqué et une belle lumière. Vous avez l’art de figer le beau de manière très colorée. J’adore vos cormorans gris aux yeux verts.
Quand vous aurez 5 minutes (si si, vous les avez !) pourriez-vous m’indiquer quel boîtier réflex et objectifs vous avez dans votre sac ? J’imagine que vous êtes dans le top de chez Canon ou Nikon, mais la réponse m’intéresse.
Je vous souhaite d’agréables suites à vos aventures patagoniennes.
Olivier.
André daniel
Merci pour ce nouveau reportage agrémenté d’anecdotes très intéressantes.
Ici hiver très doux, peu de neige. .. bonne continuation
Daniel