Vik, c’est une église au toit rouge, la plus photographiée d’Islande. Pas un livre sur l’Islande sans la photo de cette église. Cette église, perchée sur une colline, c’est beaucoup plus qu’un symbole pour les habitants de Vik, car c’est le lieu de rassemblement en cas d’éruption volcanique.
Vik, c’est aussi une longue plage de sable noir et de galets qui s’étend au pied des falaises du mont Reynisfjall. C’est sans doute la plus belle d’Islande. Elle fait partie des 10 plus belles plages du monde. Il faut dire que des colonnes de lave sculptées par la mer, les Reynisdrangar, se dressent en bordure de la plage. Elles seraient, d’après le folklore, d’anciens trolls que le crépuscule aurait surpris hors de leur caverne.
Vik se trouve au sud de l’Islande au pied du Katla. Ce volcan est considéré comme le plus menaçant pour l’avenir. Il avait l’habitude d’entrer en activité deux fois par siècle. La dernière a eu lieu en 1918, les habitants attendent la suivante depuis plusieurs décennies. En raison de son isolement, les communes les plus proches sont à 70 km de part et d’autre, Vik était une des régions les plus pauvres d’Islande. Le musée de Vik raconte cette vie difficile au cours des siècles et la préoccupation constante du danger d’éruption. D’autant plus que par le passé, le Katla est entré en éruption à la suite de celle de l’Eyjafjöll en 1612 et 1821. L’Eyjafjöll est le volcan qui a paralysé l’espace aérien en 2010. Les habitants de Vik suivent régulièrement des entraînements d’évacuation. 25 sauveteurs doivent évacuer le village en trente minutes. Chaque foyer possède une pancarte à poser avant de partir : « Ce bâtiment a été abandonné » et une feuille de consignes à faire avant de quitter les lieux :
Emporter les objets de valeur
Emporter les médicaments nécessaires
Se souvenir des besoins des petits enfants
Couper l’électricité
Fermer la maison
Mettre la pancarte sur la porte
Se diriger vers le lieu de rassemblement et s’enregistrer
« Au coeur de l’Islande, tout au Sud, le village de Vik. Quelques maisons perdues dans la nature. 280 habitants entre océan et volcan. La mer remuante, bleu violet, la plage de sable noir, les aiguilles de lave, l’herbe jaune, ce matin là l’horizon était mauve. La lumière changeante, brillante.
Vik est le village d’Islande le plus menacé par le volcan Katla. Ce qui menace ici ce n’est pas le feu, ce n’est pas la lave, c’est l’eau, c’est la glace. Parce que Katla est sous un glacier, et quand Katla se réveillera, Vik sera noyé sous les eaux en une heure. Dit comme ça, c’est sûr, il y a de quoi avoir peur, mais ici à Vik c’est le quotidien. Tout le monde est prêt en cas d’éruption, les consignes sont claires et chacun sait ce qu’il doit faire. La question du danger, de la peur, est une question d’étrangère, les femmes et les hommes que j’ai rencontrés à Vik aiment leur volcan, leur glacier, ils aiment regarder quand ça pète, ils se mettent aux fenêtres pour admirer le spectacle de leur nature. Ce paysage est le leur et ils en font partie. Ça je l’ai compris en parlant avec Sorir, un grand homme maigre, un peu mélancolique, avec des mains de géants, tout doux, timide, il n’a pas l’habitude de se mettre en avant, de dire ses sentiments, un vrai protestant. Tout en retenue. Mais en vérité, un passionné de son volcan. Il a grandi bercé par les récits de son père qui a vu la dernière éruption de Katla qui a eu lieu en 1918. Et il ne rêve que d’une chose c’est d’être aux premières loges quand Katla se réveillera la prochaine fois. Et ça ne saurait tarder, puisque Katla connait en moyenne deux éruptions par siècle » ( Zoé Varier, émission de France-Inter du 4 janvier 2014)
http://www.franceinter.fr/emission-lheure-des-reveurs-islande-aux-pieds-des-volcans
Les éruptions sous-glaciaires entrainent des crues glaciaires qui dévastent le paysage. Il y avait des forêts à l’arrivée des vikings de Norvège en 900 à cet endroit. A la dernière éruption de 1918, 30 mètres d’épaisseur de sable et de rejets du volcan se sont déposés, si bien que l’ile d’Hjörleifshöfði se trouve maintenant à deux kilomètres de la mer.
Le Reynisfjall avec ses hautes falaises attire des colonies de macareux moines, de fulmars boréaux, de mouettes tridactyles qui viennent nicher, et des ornithologues qui ne viennent pas pour se reproduire mais pour mitrailler.
Vik, c’est aussi la péninsule de Dyrhólaey, la plus spectaculaire formation naturelle de la côte sud : un promontoire rocheux de 120 mètres de haut, percé d’une immense arche au-dessus de la mer et où viennent nicher des milliers d’oiseaux.
Vik, c’est encore une bande de verdure au pied du glacier Mýrdalsjökull, sol fertilisé par des siècles de fumures de déjections d’oiseaux. C’est aussi des champs de lupins bleus, en fleur à notre passage. Ces lupins d’Alaska ont été plantés il y a une cinquantaine d’années pour fertiliser le sol en azote et limiter l’érosion. Mais cette plante est devenue si envahissante qu’elle étouffe les plantes indigènes, si bien que l’on commence à l’arracher par endroit.
Nous aurons passé une douzaine de jours à Vik et ses environs à observer ses oiseaux, arpenter ses falaises, randonner dans la vallée de þakgil sous un ciel menaçant, mais gratifiés au retour de lumières superbes d’un ciel de toute beauté.
SUR LA PISTE 214
D’un couple de lagopèdes alpins en bordure de la piste.
Vik aura été notre première rencontre avec les macareux moines, « le clown des mers », au bec rouge et plumage noir si photogéniques.
Autre rencontre, celle de trois jeunes américaines à Reynisdrangar. Nous sommes intrigués, par ce groupe de jeunes bardées de vêtements en dentelle sur le bras et de pieds photographiques alors que nous quittions la plage, balayée par des vents violents. Moments magiques. Tout est là : déchaînement des éléments, lumière du couchant et leur extravagance.
Du rouge… et du noir…
Une autre rencontre insolite : l’épave d’un DC3 Douglas des forces marines US qui s’est écrasé le 24 novembre 1973 à cours de carburant dans un désert noir en bordure de mer, à quelques kilomètres de Vik.
Franck
Bonjour Marion et Daniel,
Je n’ai pas pris la peine de vous contacter suite à notre rencontre 4×4 à M’Hamid mais, je reste un visiteur furtif sur votre blog pour suivre votre parcours….. mais là , je suis sur une autre planète.
Je ne trouve pas les mots pour vous dire à quel point votre façon de vivre mais aussi de partager le voyage est saisissante avec les rencontres, la faune, la flore, le récit et ………….. les photos.
Merci et merci encore, je suis en train de devenir addict
Franck
RONZEAU Jean-Pierre
Quelles merveilles! Cela donne envie, mais comme nous sommes moins téméraires, nous avons pris tout de même la résolution de retourner « faire » la Scandinavie en 2015: votre vidéo de « piste » est édifiante, et montre que vous devez être heureux d’être équipés 4×4, solide et compact, ce qui n’est pas notre cas.
Revenons aux photos: superbes, variées et originales.
A propos d’Oiseaux: des ornithos « purs et durs » m’ont appris qu’on devait rayer le mot Pétrel du vocabulaire: il y a donc le Fulmar boréal et l’ Océanite (ex-Pétrel tempête).
J’ai vu et photographié des Fulmars à la côte de Belle-Ile, tout près du site « à Faucons pèlerins » … qui sont pour l’instant absents.
Bonne continuation, et informez-nous: c’est un régal. Nous vous suivons à la trace.
Marion et Daniel
Merci pour les remarques. Nous avons modifié le nom de ce Fulmar !
beatrice
ma voisine Isabelle R me transmets une recette d’un restaurateur islandais, « macareux au lait » trouvee sur Courrier international . Je la tiens a disposition de Daniel . Bon appetit .
DOMINIQUE
Je plonge dans votre univers avec un plaisir indicible. De retour d’une garde d’enfants d’une semaine et demie, j’avais grand hâte de vous retrouver. Vos photos sont magiques : la lumière tantôt chaude tantôt froide des paysages, la violence des vagues sur le sable noir, l’immensité du glacier raviné, tout est enchantement et dépaysement. Quel réalisme dans la prise de vue de ce macareux photographié par Daniel : on voit son plumage avec tant de netteté ! La vidéo m’a particulièrement interpelée. Vous savoir seuls sur ces pistes désertiques et sauvages, certes magnifiques, m’a fait un peu peur. On ressent la puissance des éléments, les forces terrestres sous-jacentes à l’oeuvre sous cette croûte grise parsemée de lichens jaunâtres. j’attends la suite du voyage avec impatience.
beatrice
Tres bien la balade en 4+4 comme si on y etait. Pourquoi pas ? entendre le son de votre voix?
Continuez, on ne se lasse pas, on est toujours surpris et epates.
Le petir rouge bio de Faucon a bien voyage…
‘
FRANCINE
Quel grand bonheur de vous suivre…Vous m’avez donné envie de ressortir mon journal de bord et mon album photos de mon voyage en 2002.
Vos commentaires sont passionnants, vos prises de vues magnifiques. Bravo !
A ce propos, J. Gandini, à qui j’ai communiqué vos mails, aimerait connaitre avec quel appareil
photo vous travaillez.
En attendant avec impatience la suite de votre aventure, bon vent à vous deux…..
Patrice
Bravo et merci pour ces variations sur le rouge et le noir…
josiane et Bruno
Des photos de plus en plus superbes ,bravo.
On a vraiment l’impression d’être sur une autre planète.
Sarah
Vos articles sont toujours aussi passionnants, tant du point de vue photographique qu’ethnologique. Merci